HISTOIRE & PATRIMOINE DU QUARTIER
Entre le 13e siècle, début de l’assainissement des zones marécageuses par les moines de l’Abbaye de Saint-Victor et nos jours, le quartier Menpenti a sans cesse évolué, passant de la productivité agricole à l’industrie (gare du Prado/forges et ateliers de mécanique); puis enfin à un quartier résidentiel.
Les mystères de Menpenti
Menpenti, quel drôle de nom pour un quartier ! Et pourtant, c’est là toute la difficulté. On s’interroge sur l’origine de cette appellation et on n’est pas toujours d’accord. Même les anciens du village ne disent pas la même chose. Nous avons décidé de faire notre enquête.
La Ville de Marseille avec ses 111 villages aux noms évocateurs, dispose d’une panoplie de traditions, de cultures, de mystères liés à son histoire. Les habitants ne connaissent pas toujours les secrets du passé de leur quartier. C’est le cas de Menpenti qui regroupe une population de presque 5000 habitants.
La première curiosité de notre quartier c’est l’origine du nom. Plusieurs étymologies ont été avancées sans qu’aucune ne suscite vraiment l’adhésion des historiens. Les fantaisies les plus inattendues ont eu libre cours pour expliquer cette dénomination « Menpenti ». La plus poétique relie ce nom à une racine grecque Népense, Népenthès, herbe qui servait à composer une liqueur ayant la vertu de chasser les idées noires et d’engendrer la gaité. Au siècle dernier, un riche négociant grec aurait fait construire dans notre quartier une superbe villa baptisée de ce nom magique NEPENTE au milieu d’un grand jardin dans lequel les habitants aimaient aller se promener. Alors, à force d’entendre "Je vais à Nepente", on a fini par dire Nepenti puis Menpenti.
Une autre hypothèse concerne un gentilhomme qui s’était permis de qualifier les œuvres picturales du roi René d’affreuses croutes sans intérêt. Il fut banni et dut se retirer dans la seule propriété qui lui fut laissée dans notre quartier. Acceptant mal cette situation le pauvre homme passait ses journées, nous dit l’histoire, en se frappant la poitrine et répétant sans cesse « M’en repenti, m’en repenti » ce qui, après contraction, peut donner au fil du temps, Menpenti.
Une dernière explication viendrait du château situé au N°172 de l’avenue de Toulon/ Angle de la rue Saint Éloi. Il s’agit, au départ, d’un établissement scolaire et religieux datant de 1834 et l’Abbé JOUJON fit inscrire sur le fronton de la façade sous le cadran solaire une devise « M’en repenti pas – marchi toujou ». Il évoquait ainsi la marche du soleil, quelle que soit l’action des hommes, évolue en éclairant le monde sans regrets. Outre l’origine du nom du quartier, le château lui-même pose une énigme. Or que sa façade sud est très classique pour son époque, le côté nord est très curieux. Quel était l’utilisation de cette façade, plaquée contre le château ?
Notre quartier a connu pendant longtemps une vocation agricole car les territoires de la Capelette et Menpenti, autrefois très marécageux, furent assainis dès le XIIIème siècle par les moines de Saint Victor qui utilisant la proximité de l’Huveaune et du jarret avaient installé de nombreux moulins. Par la suite notre petit village fit parler de lui notamment sous l’ère industrielle au XIXème siècle. Le quartier jadis agricole devient l’un des faubourgs industriels importants de Marseille avec fonderies, ateliers mécaniques. L’atelier de Menpenti devient avec les chantiers navals de La Ciotat le spécialiste de la construction et la réparation des machines pour la navigation à vapeur. A l’emplacement des immeubles la Savoisienne », les fonderies du sud est vont faire vivre des centaines de travailleurs, fondeurs, mouleurs, ébarbeurs, chimistes. Plus récemment, les hélices du paquebot France seront sorties de ses cubilots.
Il y aurait encore beaucoup dire sur la caserne de cavalerie, l’Église Saint Défendent et les différents noms de rue de notre quartier qui recèlent d’autres énigmes, tant l’histoire de notre petit territoire est riche d’évènements et de curiosités.
Menpenti, fier de son passé, participe aujourd’hui à la nouvelle aventure de l’urbanisation des quartiers Est en abordant l’avenir avec beaucoup d’espérance mais en gardant précieusement ses mystères du passé.
L'Église Saint Défendent
Notre quartier bénéficie d’une église situé au 240, avenue de Toulon. L’entrée principale se trouve au 45 BD GILLY. Le portail du 240 av. de Toulon est fermé 10 minutes avant les messes, pour des raisons de sécurité.
La construction de cette église date de 1875. Le 21 novembre de cette année Mgr Place, Evêque de Marseille célébrait la première messe aux côtés du Père Goirand curé de la paroisse du rouet qui s’étendait alors jusqu’aux quartiers du boulevard Gilly. L’année suivante le quartier Saint Défendent est devenu, à part entière, une paroisse de ville.
Le 20 novembre 1876, le nouveau curé Goirand est officiellement installé dans une église complètement nue, avec une modeste chaire provisoire, un confessionnal d’occasion, un tapis composé de morceaux disparates mais rien n’arrêtera le pasteur éclairé.
Le 17 décembre 1995, Monseigneur PANAFIEU va célébrer la messe d’action de grâces pour le 120ème anniversaire de cette église qui a vu passer des générations de chrétiens et qui a permis à la communauté vietnamienne de se retrouver. Depuis plus d’un siècle à travers des périodes plus ou, moins difficiles de l’histoire, l’église est toujours debout grâce au dévouement de celles et ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Force est de reconnaitre que ce bâtiment a souffert de nombreuses intempéries qui ont occasionné des problèmes d’infiltrations dans certains murs. La mobilisation du CIQ et le soutien de la mairie par l’intermédiaire de Madame PILA, adjointe au maire, responsable des monuments cultuels ont permis de redonner aux vieilles pierres le relief d’antan et d’apporter un « coup de neuf » à la sacristie.
Une des particularités de notre village c’est la présence d’un hâvre de verdure que les villageois apprécient particulièrement : le parc du 26ème centenaire, parc urbain de 10 hectares, aménagé en 2001 sur le site de l’ancienne Gare du Prado construite elle en 1871 pour évacuer les déchets de la ville. Ce parc a obtenu en 2005 le label « Jardin remarquable » du Ministère de la Culture. Au croisement de l’avenue Jules Cantini et du boulevard Delpuech, vous êtes devant le parc. A l’entrée se dressent une fontaine et un arbre ; l’arbre de l’espérance, sculpture de Daniel Chotard. Inauguré le 14 décembre 2000. Il symbolise la tolérance et la fraternité. Derrière cet arbre, sur des dalles de marbre, les noms de 500 000 marseillais ont été inscrits. En 2000, la ville avait lancé un vaste plan de communication pour séduire les Marseillais, avec une carte postale sur laquelle on pouvait renseigner ses coordonnées dans l’espoir de faire partie de l’aventure. C'est un défi lancé le 8 mars 1999 par tous les Marseillais à l'occasion des 2600 ans de leur ville autour des valeurs fortes qui sont le respect de l'autre, la tolérance et la solidarité. Chaque Marseillais ajoutant une feuille à l'Arbre qui incarne ces valeurs d'humanité et fraternité. Sur cette carte était écrit un message que l’on retrouve aujourd’hui au pied du monument :
L'arbre de l'espérance
" À Marseille, ma ville, fondée sous le signe de l'ouverture, de l'échange, et du respect de l'autre, aujourd'hui, je donne ma signature, j'ajoute une feuille à " L'arbre de l'Espérance " qui incarne ces valeurs d'humanité et de fraternité. C'est le message d'espoir que j'envoie au monde pour le troisième millénaire."
Château de Menpenti ou la " Bastide à Cadran Solaire"
Le tombereau de Menpenti ou la Saint Barthélémy des chiens au XIXème.
Quand les chiens avaient la rage...
Au XIXe siècle les chiens enragés ainsi que les chiens errants sont des plaies de la ville. Aussi la mairie engage-t-elle des actions contre la prolifération des chiens.
Deux techniques principales, l’abattage et le poison. Ce sont des saucisses empoisonnées disposées le soir dans différentes rues de la ville. 200 seront ainsi empoisonnés pour le seul mois de janvier 1812. Dans le même mois 70 chiens sont assommés et abattus. Les victimes sont ramassées par une équipe qui conduit un tombereau dit « tombereau de Menpenti ». Mais voilà, ils demandent à faire ce travail de nuit et à être escortés… Pourquoi ? Parce que les marseillais ne supportent pas l’idée qu’on tue des chiens et brocardent les « chapacans » (encore que chapacan désigne plutôt ceux qui attrapaient les chiens pour les emmener à la fourrière. Le tombereau est conspué par la foule et spécialement par les enfants.
Le maire (Monsieur de Montgrand) demande conseil au maire de Lyon sur la politique canine de la capitale des gaules. Réponse à Lyon on paie ceux qui amènent les chiens errants à la fourrière, 3 F pour un gros chien, 2 F pour un chien moyen et 1 F pour un petit chien. Pour récupérer son chien il faut verser 10 francs. Tout chien qui n’est pas réclamé dans les 48 heures est abattu. Inutile de dire que le procédé fonctionne à merveille, la sélection par l’argent étant toujours très efficace…
L’alerte de rage avait été provoquée par l’admission d’une famille de 5 personnes de St Zacharie dans le Var qui avait recueilli une chauve-souris et qui auraient pu être mordus. (la blague de Bigard) Face à cette maladie mortelle de triste mémoire, la médecine est tenue de prévenir, or il n’existe pas de test clinique qui détecte la présence du virus rapidement. Il faut donc attendre les premiers symptômes (qui peuvent mettre plusieurs années avant de se manifester) ce qui équivaudrait à compromettre le pronostic vital. « De ce fait, le traitement de tout cas suspecté est la règle. »
Texte de Jean-Pierre Cassely